Enfance- adolescence
8 ans --- 20 ans
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polisson
J'ai 8 ans. Je suis polisson, Trop polisson. Je ne fiche rien à l’école. Un vrai garnement.
J'ai longtemps cherché à comprendre pourquoi j'étais aussi polisson, pourquoi j'étais rebelle à toute autorité. Je suppose que l'absence de mon père qui ne revenait toujours pas (voir psycho1) me perturbait. Le fait d'être un "enfant roi" exemplaire unique, à qui tout est dû pouvait aussi fournir un motif. L'idée que ma mère mène une vie, à laquelle je ne pouvais participer, me déplaisait. Mais je pense qu'il y a
bien d'autre traumatismes que je découvrirai un jour si je vis assez longtemps encore.
Et pourtant, ma mère était
vraiment un bonne mère, très maternelle.
Résultat: En internat, ça te dressera.
Clic pour agrandir La belle image ci-dessous est virtuelle, elle représente le pensionnat Sainte Anne dans les années 1949-1956. Il s'agit d'une reconstitution à partir d'éléments anciens et actuels.
On me place en internat, chez des frères des écoles chrétiennes.
Ils sont réputés dresser les récalcitrants.
Le pensionnat Sainte Anne. 1949-1956.
Quelle horreur ! (pour moi).
Première année scolaire 1949-1950
Ce pensionnat est situé à La Motte Servolex. A 4 Km de Chambéry et à 2 Km de chez mes grands parents. Il fut ouvert en 1844, mais il comprenait une aile récente, reconstruite suite à un incendie qui est survenu en 1947. Il avait été amélioré et disposait, par ex. du chauffage central (fait rare à cette époque).
Clic pour agrandir. Les frères sont durs, quelquefois méchants. La nourriture affreuse: Soupe aux trois repas....Pendant les premières années (Nous sortions de la guerre et les restrictions existaient encore). Les sorties limitées au dimanche après-midi. Quelle tristesse, ce vieux château. En revanche c'était très bien chauffé, mieux que chez moi. Pour moi c’est la prison. Une sorte d'élimination par ma mère et ma famille.
Clic pour agrandir Le pensionnat vu d'avion. 300 élèves à l'époque.
La Soutane Oui ! Mais Ersatz de curé :
Le seul personnage avec soutane que je connaissais était le curé de Chambéry Le Vieux. Il s’appelait MORNEX. C’était un ancien professeur du collège libre de LA VILLETTE. En plus, il avait été résistant et dument reconnu comme tel.
Ce curé était respecté par tous, y compris par les plus anticléricaux du village. Il avait son entrée chez les communistes les plus virulents. Il recevait le denier du culte de toutes les familles, non point à cause de la religion, mais parce qu’il jouissait d’une considération personnelle indéfectible. C’était un homme bon dont le seul souci était de rendre service. Ainsi était mon image de la soutane.
Les frères aussi avaient une soutane et ils m’impressionnaient par le seul fait de cet uniforme.
Mais je compris rapidement qu’il y a soutane et soutane. Ce n’étaient pas des curés mais des "ersatz de curé". Ils portaient un double rabat blanc sous le menton ce qui les distinguait des curés. Ils ne disaient pas la messe, n’administraient aucun sacrement. En fait c'était des religieux du clergé régulier (= des moines) qui portaient une soutane avec un rabat blanc. Ressemblance n'est pas similitude. Ne pas confondre un berger allemand avec un loup.
Le fondateur de cet ordre régulier des "Frères des Écoles Chrétiennes" est Saint Jean Baptiste de La Salle.
Qui est Saint Jean Baptiste de La Salle ?
Né à Reims en 1651. Mort à Rouen en 1719 Jean-Baptiste de La Salle, ainé d'une famille de 11 enfants, devint rapidement orphelin et fut tuteur de ses frères et sœurs dont il prit en charge l'éducation. En 1678 (27 ans) il devint prêtre.
Il rencontra un créateur d'écoles et participa de plus à la gestion d'établissements scolaires et à la formation de maitres. A 34 ans il distribua ses biens aux pauvres et créa un séminaire de maitres de campagne, c'est à dire une sorte d'école normale.
Vivant avec ces enseignants (des Frères) il créa peu à peu une communauté de personnes ayant fait vœu d'enseignement. Ensuite en 1694 naquit l'ordre régulier de la "Société des Écoles chrétiennes" qui devint l'ordre des "Frères des Ecoles chrétiennes".
Jusqu'en 1718 Jean-Baptiste De La Salle poursuivit la rédaction ou la mise au point des textes pour les Frères et les écoles. Il décède à Rouen en 1719 à l'âge de 68 ans.
Jean-Baptiste de La Salle est canonisé en 1900.
Il fallait leur dire « Cher Frère » "Oui ! Cher Frère" "Bonjour ! Cher frère." "Merci ! Cher frère.". Quand on passait devant ces seigneurs noirs de la religion il fallait baisser la tête.
Voici le Directeur : Frère Victor Jean Baptiste Delieutraz (1910-1970).
Intransigeant, engagé "pétainiste" ayant des certitudes.
Dès mon arrivée, chez les frères j’entendais Frère Victor Jean Baptiste, le directeur dire que les résistants étaient « juste bons à faire sauter les ponts ».
J'entendais également d’autres formules ou thèmes vantant les mérites d’une France très catholique, ordonnée comme l'Allemagne, d’une France agricole à souhait, d’une France peuplée de grands blonds sportifs bigots et costauds, avec des familles ayant de nombreux enfants. J’entendais aussi que seule une religion catholique forte, puissante et omnipotente, pouvait maintenir une société en bon état sanitaire. Qu’il fallait lutter contre tout ce qui pouvait critiquer l’église. Etc.… (Style PIE XII). Je compris assez vite que ces théories rejoignaient le pétainisme.
Preuve de ce que j'allègue : En 1958, dans la plaquette souvenir (supplément du bulletin « En Cordée ») Imp. Du Bugey, Dépôt légal : 2° trimestre 1958, Frère Victor Jean Baptiste publiait un poème à la gloire de Pétain en page 13. Ce poème il l'avait écrit le 01/05/1942. Il fallait oser en 1958 publier encore à la gloire de Pétain. Alors que la France en était au retour du général De Gaulle !
Les frères parvinrent à me dégouter de la religion catholique.
5 ans d’internat complet 1949-1954, quand on est si jeune, m’apprirent la dureté, la rancœur et la rancune.
J'ai tenu grief à ma mère de ce fait. C’était absolument INJUSTE envers elle !
La raison et les sentiments ne sont pas toujours en adéquation. Le ressenti personnel, qui est propre à chacun, n'est pas rationnel. François Mauriac a dit : Nul n'est tenu de résoudre ses contradictions.
Aujourd'hui, en 2017, le système scolaire du public serait plutôt l'exact contraire de ce que j'ai connu chez les Frères...Jean-Pierre Chevènement, ancien Ministre de l'Éducation nationale (19 juillet 1984 – 20 mars 1986) décrit ainsi la scolarité actuelle : « la promotion de l'école "ludique", "lieu de vie" dédié aux "activités d'éveil", périmant l'idée de mémoire et de travail individuel » . Dans mon collège privé 1949-1956.C'était comment ?Tout n'était pas négatif chez les FrèresAu pensionnat Sainte Anne, tout n'était pas négatif : La méthode d’enseignement était dure et archaïque. Le "par cœur" a ses mérites.Les enseignants de l'école laïque disaient "C'est du bourrage de crâne", peut-être ? Néanmoins
Beaucoup d'élèves eurent de très belles situations. Ingénieurs, médecin, magistrat, enseignants, commerçants, restaurateur, etc....Je critique donc une ambiance, un climat, mais non point l'enseignement et l'éducation, puisque de bons résultats étaient obtenus. |
J'ajoute encore, qu'en ces temps là, les châtiments corporels étaient "chose normale". Les gifles bien appuyées, les oreilles bien tirées, les coups de règle sur le bout des doigts faisaient partie du programme. Pas question de se plaindre aux parents ou de saisir les services concernant les enfants battus. En pratique je préférais recevoir quelques bon coups que de me voir privé de sortie le dimanche... Seule solution pour éviter ces désagréments :
Bien travailler et bien se conduire
Quand j'ai été placé dans cet internat, je l'ai vécu, avec souffrance, comme une sanction pure et disproportionnée. Comme une mise au "placard". J'attribue la responsabilité de cette décision à ma mère. Je supposais mes grands parents paternels, qui m'aimaient tant, incapables de me "lâcher" vers cette école libre catholique parfaitement contraire à leurs opinions politiques de gauche. Mon comportement en famille a immédiatement changé, j'étais beaucoup plus sage, mais c'était trop tard. Désormais envers ma mère je ne manifestais plus aucun signe d'affection. Même envers les proches je devins plus réservé. Ils s'en rendirent tous compte. Ils disaient "il a changé, il est moins affectueux qu'autrefois".
En fait j'étais devenu plus rusé, plus calculateur, ce dur internat
était une "école de la vie" spécifique.
Φ Anecdote à propos de Léo Ferré et des Frères (Cliquer) Le chanteur Léo Ferré (1916-1993) a souffert de son internat chez les Frères.
Billet d’honneur, tableau d’honneur = liberté
Politesse |
Conduite |
Travail |
|
|
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5 |
20 |
25 |
|
50 |
Le système des notes était très subtil et destiné à nous contraindre de façon efficace.
Chaque semaine nous avions des notes, réparties en trois rubriques : politesse conduite, travail.
Chaque professeur avait sa ligne.
Le total respectif de chaque colonne était 5 + 20 + 25 (Donc total max 50).
Exemple :
Un devoir mal fait et le frère correcteur nous indiquait « TERRIER ! Moins 4 de travail ».
Un oubli de baisser la tête en passant devant un frère et c’était « TERRIER ! Moins 2 de politesse »
Un chuchotement avec le voisin et l’on entendait le frère surveillant dire « TERRIER ! Moins 2 de conduite ».
Un lit mal fait « TERRIER ! Moins 2 de conduite ».
Dans cet exemple en une semaine j’avais perdu 10 points dans la semaine, il me restait 40 points, « Ouf ! Je sortirai encore ce dimanche ».
Chaque frère avait un carnet pour comptabiliser les notes.
Quand un frère sortait son carnet c’était pour marquer une soustraction à quelque élève malchanceux.
Quelquefois et c’était le pire ! Un frère sortait son carnet et notait sans rien dire. Qui avait perdu des points ? Le samedi lors de la récapitulation le malheureux destinataire de la sanction évaluait l’importance des dégâts.
Si le total de nos notes était inférieur à 40 la sanction était de ne pouvoir sortir le dimanche…
A la fin de chaque mois le total des semaines devait atteindre, au moins 160 (4 fois 40 points) pour permettre de sortir le mois suivant. Sinon plus de sorties durant un mois.
Chaque mois nous recevions un billet d’honneur : billet blanc si nous avions au moins 180 points, billet rouge si nous avions plus.
Et nos noms étaient affichés en rouge ou en blanc, au tableau d’honneur, sis dans le grand hall d’entrée.
Je n’attendais qu’un seul évènement pendant la semaine : la sortie du dimanche pour retrouver, hélas pour si peu de temps ma chambre, mes grands parents, mon univers et surtout moi-même.
Pour survivre dans un tel univers clos il fallait sortir. Pour sortir il suffisait de se tenir « à carreau ».
En conséquence mes choix étaient simples : Bien travailler et bien se conduire. (répétition volontaire)
Mon premier billet d’honneur en Octobre 1949. J'avais 9 ans.
Un billet d'honneur surchoix (rouge) de Décembre 1950. J'avais 10 ans.
Il
fallait apprendre à dissocier sa personnalité en deux facettes : 1)
La facette d’extérieur (Hors du pensionnat). 2) La facette
d’internat (Dans le pensionnat). Pour gagner un peu de survie dans cette rigueur interne du pensionnat, il fallait être bien vu. Bien vu tant par les élèves que par les frères.
Bien vu par les frères : Il suffisait d’être docile, d’obéir et de travailler. Mais il ne fallait surtout pas devenir un «chouchou» sinon les représailles occultes pleuvaient de la part des élèves.
Bien vu par les élèves : Il fallait être régulier, ne pas dénoncer
(mouchardage interdit) ne pas être favorisé par quelque frère. Il
fallait savoir résister aux "emmerdeurs". Il fallait éviter de
devenir « tête de Turc »
Donc il fallait louvoyer entre ces rapports de force pour obtenir la meilleure vie possible. Il ne fallait pas se confier à n’importe qui et risquer la moquerie. Bref ! Il fallait être incolore, inodore et sans saveur. Et savoir se garder des petits "cons ou méchants".
Cet univers n'était pas dépourvu de vie affective. Des liens se créaient par affinités entre élèves, compagnons de misère. Nous avions nos relations, nos amitiés privilégiées. Il était bon de connaitre un «costaud qui pouvait nous défendre. En échange le costaud pouvait profiter d’une aide pour faire ses devoirs. Ainsi se créait un tissus de liens, semblables à ceux de la vie extérieure, mais dans un « bocal de prisonniers d’une dictature absolue» et sans les parents.
(Oui une "école de la vie" spécifique.).
Note importante
Le pensionnat Sainte
Anne 1843-2004
que j'ai connu
n'existe plus.
Le "pensionnat Sainte Anne" d'antan, fut remplacé par "Groupe scolaire Sainte Anne - Savoisienne".
Cet établissement moderne et réputé est sans rapport aucun avec ce que je décris.
Tout change, tout évolue en plus d'un demi siècle. J'ai terminé en 1956...
Aucune comparaison avec le lycée actuel n'est possible.
Ce que je décris appartient à un monde aujourd'hui disparu.
Le grand changement modernisateur commença vers 1962.
La communauté des frères a quitté le lycée Sainte-Anne, en 2004
Voir le site de ce groupe scolaire : www.steanne-sav.fr/
Les colonies de vacances :
A partir de neuf ans, Tous les ans je pars en colonie de vacances.
- Gujan-Mestras (Arcachon)
- Le Montcel
- Megève
- Bourg Saint Maurice
- Saint Palais sur Mer
- Etc. Etc.
Clic pour agrandir Arcachon (Gujan Mestras), ma première colo. J'ai découvert l'océan, j'ai appris à nager. C'est ma première tranche de vie en collectivité. J'ai appris à nager.
Clic pour agrandir L'orthographe est nulle, mais on sait dessiner ce qu’on voit ! Comme par exemple un chalutier.
13 ans, toujours en internat
Communion à 13 ans.
C’est bien la dernière année où je crus encore à cette religion catholique que les Frères m’avaient appris à détester.
Des messes, même en semaine, à 6h30 du matin. Ça use............
A Venise en 1953 (13 ans).
Heureusement pendant les vacances je profitais de la vie, tant chez mes grands parents, que chez ma mère.
Avec ma mère dans Chambéry.
A la plage d’Aix Les Bains
Première maladie grave à 13 ans :
Après quelques symptômes (raideur de la nuque et maux de tête) une poliomyélite méningée est soupçonnée. Je suis hospitalisé au pavillon des contagieux à l'hôpital de Chambéry. Je me retrouve paralysé du bras droit, du bassin et de la jambe gauche pendant un mois et demi. Interdiction est faite à tous mes copains de me rendre visite (contagion possible). Il apparait ensuite qu'il s'agissait d'un Syndrome de Guillain-Barré. Ayant "récupéré" mes fonctions motrices je reprends les études et l'internat. J'aurai des séquelles neurologiques et psychologiques. Je conserve un mauvais souvenir des traitements "barbares" qui me furent pratiqués. J'ai aussi perdu confiance en moi, en ce qui concerne mes capacités physiques. Plus sport, plus de service militaire.
L'hospitalisation et les traitements subis, à un âge délicat, m'a infériorisé. J'ai mal vécu cette maladie. Quand on est paralysé on devient comme un objet soumis totalement à l'assistance. Plus question de se gérer soi-même, plus question de pudeur.
De 12 à 14 ans c'est la puberté, l'apparition de la sexualité (en ces temps là c'était à cet âge). Les occasions rencontrées et le contexte de découverte sexuelle, dans un internat de garçons, peuvent conduire à révéler les tendances "homo" ou "hétéro". Les collèges mixtes actuels me semblent plus sains. Quoique !
parait qu'il peut s'y passer d'autres choses tout aussi nocives : drogue, tournantes, par exemple, etc....
Et ce qu'on dénonçait dans les établissement religieux
apparait aussi dans les établissements publics en 2015 :
Le Monde | 02.04.2015 à 14h47 | Par Mattea Battaglia et Emeline Cazi
http://www.lemonde.fr/societe/article/2015/04/02/l-ecole-embarrassee-par-des-soupcons-de-pedophilie_4608538_3224.html
Un ancien instituteur condamné pour agressions sexuelles à neuf mois de prison
ferme
Le Monde.fr avec AFP | 09.04.2015 à 16h47 • Mis à jour le 09.04.2015 à
17h39 . Ces trois dernières années, 57 membres de l'éducation nationale ont été
révoqués pour agissements pédophiles ou détention d'images pédopornographiques,
après signalement de la justice aux services éducatifs, dont 14 en 2014.
http://www.lemonde.fr/societe/article/2015/04/09/un-ancien-instituteur-condamne-pour-agressions-sexuelles_4613149_3224.html#ItgPzVdV40mctBhx.99
14 ans ! 1954
Libération de l’internat.
Je deviens demi-pensionnaire et habite à nouveau chez mes grands parents.
Ouf !
J’ai mon premier vélo, tout neuf, pour aller au collège des Frères.
Clic pour agrandir Avec ma mère dans Chambéry.
Clic pour agrandir 1954. C'était sympa à 14 ans.
Le frère Pierre Vaillant. Il nous enseigna les sciences et les maths en 4° et en 3°. Il nous faisait aussi la gymnastique. Il était surnommé "Nabot" car il était de petite taille. Il était jeune, froid, sévère, rigide, autoritaire, intransigeant mais juste. (Tel que représenté par cette photo de 1960) Dans l'ensemble j'en garde un souvenir correct, car il accomplissait sa mission correctement sans déviance aucune et avec dynamisme. J'ignore s'il connaissait le rire et la décontraction. Avait-il un cœur ? Avait-il des sentiments ?
Gévaphot :
C'est mon premier appareil photo perso de marque Gévaert modèle Gévaphot. La définition de l'objectif était quelconque. Mes copains avaient des Ultra-Fex. Le gros avantage avec cet appareil au format 6/9 est qu’il suffit d’avoir une cuve pour développer la pellicule. Ensuite on fait des photos contact. C’est ce que faisais dans un réduit obscure, sis dans ma chambre, sous l'escalier qui montait au grenier. J'achetais des pellicules orthochromatiques, développables en lumière rouge.
La radio, années 45-55:
La télévision nous était inconnue.
On écoutait la radio.
Le récepteur de ma tante, en parfait état de fonctionnement était dans ma chambre.
Qu'écoutait t'on ?
- Les nouvelles sur Sottens, Monte-Carlo.
- Des pièces de théâtre radiophoniques.
- De la musique classique.
- Quitte ou Double avec Zappy Max.
- Les chansonniers (Grenier de Montmartre et chansonniers Cadum).
Toute ma vie je serai passionné de postes de radio et d’électronique audio à tubes, etc...
Rappel : Cher lecteur, Vous êtes toujours sur le site d'un collectionneur radio et bricoleur en électronique analogique. Non vous n'êtes pas égaré. Si cela vous ennuie il vous suffit de cliquer les images ci-dessous et vous retrouvez l'électronique et la collection radio.
Ma tante, Thérèse TERRIER :
Chez mes grands parents je retrouve ma première tante Thérèse (sœur de feu mon père) qui vient de passer des années de sanatorium.
Elle m’instruit sur plein de choses.
Elle était institutrice, maintenant elle a un diplôme d’infirmière en plus. Elle a utilisé ses années de soins pour faire ces études.
Je l’aime presque comme une mère. Et elle me le rend bien !
J’aime aussi beaucoup son amie de sanatorium, Ninette Fulcrand, une Niçoise.
Puisque je "battais le froid" envers ma mère, je retrouvais chez cette tante affectueuse un sentiment maternel. Ce d'autant plus naturellement qu'elle était célibataire et sans enfant. Était-ce une mère de substitution ? Étais-je un fils de substitution ? Peut-être! Dans nos relatives solitudes nous ne pouvions que nous apporter du positif.
15 ans. Costaud.
Costaud, oui ! De la force oui ! mais aucune confiance en moi.
Pipette
Je l’aimais, depuis l’âge de 10 ans jusqu’à l’âge de 24 ans. Et elle me le rendit bien... Cette chatte coucha dans mon lit bien avant que je pense aux filles.... Quelquefois elle y fit même des chatons. Et je n’y étais pour rien !.......... Depuis j'ai toujours aimé les chats.
L'attachement à un animal est une expérience que toute personne devrait connaitre. C'est un tout autre problème qu'un "doudou" ou une peluche. Il faut comprendre les motivations de l'animal, s'adapter à sa psychologie pour obtenir un retour. L'animal permet un transfert ou transport affectif. On peut tout confier à un animal, il ne répète jamais. On lui prête une compréhension qu'il n'a pas. S'occuper de lui apporte une satisfaction.
Images de la vie ordinaire...
Chez les grands parents.
Je vivais chez des personnes du XIXème siècle.
Juillet 1956 BEPC fini le pensionnat...
Je quitte définitivement le pensionnat avec un C.E.P. et un B.E.P.C. en poche.
La suite c'est la classe de seconde pour aller au baccalauréat.
1956 Ma mère décède à l'âge de 50 ans :
Ma mère était en parfaite santé. Jamais malade.
Je suis dans un camp d’ados en Bretagne : Camping et vélo.
Le moniteur, des camps d’ado, s’appelait Louis BESSON. Il fit une brillante carrière politique: Maire de Barby, Conseiller Général, Député, en 1990-1991 : Ministre de l'Equipement, du Logement, des Transports et de la Mer et surtout Maire de Chambéry. Nous resterons en relation. Je le retrouverai au PSU.
Quand je reviens ma mère décède du cancer de l’estomac.
Je n’avais rien compris, rien vu venir ....? Je ne réagis pas tellement je suis stupéfait, surpris, estomaqué, hébété, pétrifié, et aussi sans que je ne m'en rende compte traumatisé.
Bizarre la vie ? On passe à côté de bien des évènements.
Mon grand père devient mon tuteur. Jean MERCIER (Secrétaire départemental de l'office des Anciens Combattants) est nommé subrogé tuteur. J’ai un conseil de famille présidé par le Juge des Tutelles. Même mon subrogé tuteur, bien imbu de sa puissance et de son autorité considère qu'avec les Juges il n'y a pas moyen de s'arranger. J'en conclus que le Juge est puissant.
Un Juge c'est puissant, je m'en souviendrai.
Ce décès de ma mère aura des conséquences psychologiques importantes. L'ennui avec les morts c'est que toute explication et réconciliation devient impossible. Je conservais vraisemblablement le secret espoir que nous pourrions nous expliquer et nous comprendre un jour. Eh bien Non ! C'était devenu impossible. Moralité personnelle : Quand les gens sont vivants, si vous êtes brouillé avec eux, tentez toujours un retour au dialogue. Quand ils seront morts cela sera impossible. Autre règle de psychologie : Dans une rupture de dialogue, le plus fort n'est pas celui qui reste bloqué mais celui qui fait le premier pas pour reprendre le dialogue. En effet l'initiative appartient au plus courageux qui accepte de se remettre en cause. Pour comprendre cela j'ai mis 50 ans, et je suis loin d'avoir tout appréhendé.
16-18 ans
Et moi je me vautre dans l’adolescence et les problèmes.
Clic pour agrandir J'étais beau garçon, mais je ne m'en rendais pas compte. On est "con" à l'adolescence. J'étais complexé, timide. C'est bien plus tard que j'ai compris que j'avais des potentialités.
A 16 ans on m’offre un nouvel appareil photo : Sem Baby: 24/36, Objectif Som Berthiot. C'est mon premier vrai appareil photo, avec une excellente définition et des vrais réglages. Il a fait un long usage. Il a connu bien des aventures, des joies des peines.
1958 camp d’ados en Corse.
Clic pour agrandir Les copains.
Au total, j'ai fait 3 Camps d’ados, tout en bicyclette et camping sous la tente.
- Bretagne
- Corse
- Allemagne
Ces camps étaient très formateurs. A la différence des colonies de vacances il fallait s'organiser en équipe, chacun faisait la cuisine et la vaisselle à son tour. Il fallait transporter le matériel sur les bicyclettes. Faire des courses. Les équipes étaient de 7 ou 8. Un ou deux moniteurs supervisaient plusieurs équipes. Il y avait une voiture accompagnatrice qui transportait les bouteilles de gaz et le directeur. En ces temps les incidents étaient peu nombreux et les ados très homogènes et volontaires.
La vie continue...
Et la vie continue chez mes grands parents, et avec ma tante Thérèse, institutrice + infirmière + invalide. Elle est très diminuée, elle survit avec seulement les 2/3 d’un poumon.
La grand-mère est infirme d’arthrose.
Le grand-père s’occupe de tout, jardin et intendance.
Découverte du droit
Un chanoine érudit, prof de droit en retraite, m’initia au droit et à ses méandres. Le droit n'était pas connu chez moi.
Connaitre le droit c'est connaitre les règles qui régissent notre société.
Je ne pouvais alors imaginer que je serai magistrat.
Entre 17 et 18 ans, je suis renvoyé du lycée de Chambéry, puis renvoyé du collège technique, puis renvoyé du lycée de GAP.
C’est la période la plus noire de ma vie.
Cette période est si compliquée, si perturbée, que je ne puis encore comprendre comment j'en sortis. 50 ans après je suppose que j'étais simplement déprimé. Mais à cette époque cette notion, usuelle aujourd'hui, n'était pas dans les mœurs. Curieusement les copains de cette époque n'ont pas vraiment remarqué le trouble profond que je ressentais. Mes grands parents et ma tante étaient dans le plus grand "souci" (inquiétude) à mon sujet. Quelquefois, je partais en Mobylette et je ne rentrais pas pendant plusieurs jours.
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Il faudra tout reprendre : études interrompues, objectifs à redéfinir.
Mobylette
A 16 ans j'eus ma Mobylette. Ce cyclomoteur m'apporta une liberté certaine. Quelquefois j'allais jusqu'à Genève (90+90 Km). Le grand père (mécanicien sur locomotives à vapeur) m'avait appris, depuis que j'étais tout petit, les principes de base de la mécanique. Il avait la même Mobylette que la mienne. Nous procédions aux révisions de ces engins avec plaisir.
KINAX
J’achète un nouvel appareil photo.
KINAFLEX 6/6, encombrant mais fait de très belles photos.
19 ans je me calme.
J’ai ma 175 Motobécane à 19 ans.
Le grand-père assure l’intendance de la maison et l’entretien complet de la grand-mère qui est infirme d’arthrose, ne voit plus et perd la tête (Alzheimer).
Ma tante, ex-institutrice (qui est aussi infirmière) m’apprend à faire les “piqures” d’insuline à la grand mère.
Elle m’apprend aussi des bases de médecine. Elle est très malade et elle ne vivra plus longtemps...
1960
Ma tante Thérèse TERRIER, que j’aimais comme ma mère décède à l’âge de 50 ans.
Sa tuberculose, même stoppée dans son évolution, et les opérations lourdes, avaient dégradé son organisme.
Depuis quelque temps elle vivait sous oxygène.
Seul survivant valide et autonome le grand- père assume parfaitement la situation.
Je suis bien dans cette maison. Bien chez moi. Je sens que l’enfance se termine. Le grand-père et moi, nous nous entendons parfaitement. Très normalement c’est comme le père et le fils. Rescapés de bien des avatars. La vie prouva par la suite qu’il nous restait un chemin de 17 années à collaborer ensemble.
1959-1960 : 19-20 ans, fin de l'enfance et adolescence.
Le temps des voyages seul.
Les premières filles. Premiers Amours... Emotions... Ah les filles...
Je sors, pendant une période, avec une "petite" qui a 16 ans et un corps superbe. Elle est pleine d'entrain et de vivacité. Mais cette liaison casse !
Gilbert Bécaud dans la chanson "Les petites Mademoiselles" dit ( à propos des filles) : Ces petits animaux là, c'est pas fait comme nous, pourtant c'est fait pour nous. Tout pour nous.
J’étudie, pour mon seul intérêt, des matières bizarres : L’Hébreu dans une école talmudique...L’Arabe littéraire avec un professeur... J’étudie aussi les sciences et les techniques, la philo, la psycho, bref! Plein de choses. Mais je n'ai aucun objectif concret et précis. Je trouve un poste de "pion" (surveillant) dans un Institut de Sourds à Cognin (Savoie) (INJS).
Clic pour agrandir Nous
sommes en 1960, j'ai 20 ans. En blouse grise, je surveille une
classe d'élèves sourds (sourds muets) à l'Institut des Sourds de
Cognin (Savoie). Ce travail alimentaire me permet de vivre et de
faire des études.
J'y ai aussi appris les bases essentiels de la langue des signes
(LSF) pour pouvoir communiquer avec les élèves.
Cette photo m'a été aimablement offerte par Roger Boulanger, que
je remercie.
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Je veux reprendre des études. J'accède au pragmatisme. L’adolescence est finie. Une autre vie s’annonce, avec de la stabilité et des projets "calculés" et concrets. Psychologiquement je dois reprendre confiance en moi, éliminer toute dynamique d'échec.
Je réussirai, il suffisait de s'y mettre... Quelques personnes m'aidèrent, mais, curieusement ce ne furent pas ceux desquels je pouvais espérer. Ce furent quelques nouveaux arrivés dans ma vie. J'ajoute que quelques personnes proches à qui je demandais un service déclinèrent, à ma grande surprise. (Il faut, dans certains cas, se méfier de ceux qui prétendent nous vouloir du bien).
Réussir c'est d'abord un acte individuel, mais on ne peut réussir seul dans son coin, sauf exceptions.
Toutefois ce qui est regrettable c'est que dans mon enfance et adolescence, il y eut trop de décès.
La mort sera le problème de toute ma vie. Pourquoi sont-ils tous morts si jeunes ? (sauf le grand père ?) Comment se fait-il que je suis toujours là ? Bien vivant ? J'évite les enterrements (mauvais souvenirs ?). J'ai pris ma retraite le plus tôt possible, à 59 ans 1/2. Gaston BACHELARD a dit "réussir dans la vie c'est faire ce qui nous plaît". C'est ce que j'ai fait au mieux à partir de l'âge adulte et que je continue à faire. Je suppose que je "rattrape" une enfance mal vécue. Des fois je pense que l'âge adulte m'a apporté tant que cela compense largement les ennuis de l'enfance. J'espère que la vieillesse continuera de m'apporter...
Un contexte très positif ayant permis la résilience :
Dans cette vie compliquée et un peu chaotique, ce qui m'a sauvé, c'est que j'avais une famille (mes grands parents par ex. qui se sont toujours occupés de moi et qui m'ont aimé comme leur défunt fils, = mon père). D'autres personnes aussi se sont occupé de moi avec attention et affection. Ma mère aussi a toujours tout fait pour moi. J'ai donc été très entouré et bénéficiaire d'affection et d'attention. Je pense que cette ambiance familiale solide, éducative, instructive et favorable a compensé tous les avatars et autres malheurs.
Sans cela je n'aurais peut-être ni progressé ni réussi à trouver cette résilience (ces résiliences) et un équilibre.
Fin de la partie "enfance"
La suite (simple aperçu) :
Etudes :
Je n'avais qu'une première partie du baccalauréat (donc pas de "bac"). Pour récupérer ce diplôme je suivis des cours du soir et réussis une "Capacité en Droit" avec mention AB. Sur le plan matériel Pierre Dumas , qui avait pour feue ma mère Maria THOMAS laquelle avait été sa "nounou" une grande affection, me trouva une place d'employé de bibliothèque à Chambéry. Cet emploi "cool" exercé pendant 2 ans, me permit de poursuivre ces études en conservant une autonomie financière. Ensuite j'entrai à la Faculté de Droit de Grenoble et obtins une licence en droit (4 années avec mention) valant aujourd'hui Maitrise (Bac+4).
Opinions politiques :
Sur le plan politique, depuis toujours et jusqu'en 1958-1962, j'étais à gauche (PSU) car je pensais que l'Algérie n'était pas la France et devait s'en séparer (les socialistes standards étaient, eux, pour le "colonialisme" l'empire français et donc l'Algérie française ???).
Au PSU on nous avait prédit que De Gaulle serait un dictateur fascisant, de style sud américain. Je crus à cette thèse. Certains professeurs du lycée, très politisés, et très excités par cette période mutante nous prédisaient la même chose.
Les évènements révélèrent que cette thèse était une grossière erreur (donc l'analyse des gens de gauche était fausse !). En outre De Gaulle se rallia à la thèse de l'Algérie algérienne, qui était parfaitement en accord avec mes opinions (là encore l'analyse des socialistes, SFIO et apparentés, dont Mitterrand, était fausse). J'entrais vers 1964 à l'UJP (Union des Jeunes pour le Progrès) qui était composée de jeunes gaullistes. Après ce virage à droite, je me suis progressivement détaché de ces idéologies. Je reste orienté très modérément à droite. Cela correspond mieux à ma sensibilité (la réussite c'est d'abord une question personnelle et individuelle, avant d'être collective, il ne faut pas tout attendre des gouvernants et de la société. Quand on veut peut réussir, il suffit de s'en donner la peine pour en avoir les moyens sans rêver à l'impossible). Toutefois il me reste bien des idées, dites, de gauche. Je suis donc devenu politiquement atypique, un être composite. Quand la droite me déçoit rien ne m'empêche de voter pour une autre tendance. En outre le langage des politiques (langue de bois et "politiquement correct") toutes tendances confondues, ne me plait pas. Ces gens installés dans leur système ne me sont plus crédibles. Il en de même pour les médias populaires (infos TV par ex.), desquels je me méfie car leur information portée sur l'émotionnel et le sensationnel est souvent versatile (au gré des vents porteurs) auto corrigée, autocensurée et dénuée de réflexion sérieuse à long terme. La sous-culture et la légèreté journalistique sont bien connues. Quant aux réseaux sociaux populaires c'est (sauf exception) le triomphe des rumeurs, des émotions primaires, des grosses blagues de comptoir. C'est trop souvent le culte de l'inculture. Mais je pratique encore Facebook, comme d'autres personnes sérieuses et cultivées, car cette ambiance me permet une analyse de la société.
A l'intérieur de nous peuvent cohabiter plusieurs personnes, qu'il n'est pas toujours facile de reconnaitre,
mais qu'il nous appartient de rencontrer. (Jacques Salomé psychosociologue et écrivain français, vulgarisateur). Dans le cas contraire c'est une maladie mentale ou de graves troubles. |
FIN.
Léo Ferré et les Frères des Ecoles Chrétiennes
Le compositeur et chanteur Léo Ferré, 1916-1993, natif de Monaco, commença à neuf ans son internat au collège Saint-Charles de Bordighera tenu par les Frères des Écoles chrétiennes, en Italie.Il y resta en pension pendant huit longues années.
Il est admis que cette période l'a traumatisé.
Il racontera cette enfance solitaire et "encagée" dans une fiction autobiographique (Benoit Misère, 1970).
Il sera le chantre de l'anarchie et de son combat avec les dieux.
"Benoit Misère" est l’unique roman publié par Léo Ferré.
source : http://leoferre.hautetfort.com/archive/2006/12/05/catholicisme.html
http://fr.wikipedia.org/wiki/L%C3%A9o_Ferr%C3%A9
<<T'as jamais vu les frères des écoles chrétiennes ? Même dans un bocal, faut y aller. Faut aller voir. Ça vaut le coup. [ Léo Ferré ]>>
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Mise à jour 21 Mars 2011; MAJ 6 Juin 2015 (Mobile Friendly) MAJ 13 JAN 2017. MAJ 23/04/2024.