OCEANIC Goélette 1957-1958

Mon ami Jean-Marie D. a pensé à moi, il a trouvé un poste de radio bien propre en chinant, et il me l'a apporté et offert.

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Il s'agit d'un récepteur radio fabriqué dans les années 1957-1959, plusieurs versions légèrement différentes, ont été fabriquées dont un spécimen avec 2 stations préréglées.

1957-1958 grande mutation

Tout change et très vite

Tubes et transistors coexistent

Le style du "Goélette" est déjà celui des années 60 où la matière plastique est reine. Ici, on oublie les caisses en bois et l'ébénisterie. Aucun angle vif. Cet appareil de moyenne gamme est simplifié, il est destiné aux classes moyennes, son prix est "contrôlé" pour qu'il apporte un résultat correct. Le doter de la  modulation de fréquence, encore rare à cette époque, aurait causé un surcout inutile. En 1957, huit foyers français sur dix possèdent au moins un poste de radio. En France en 1958 il y a 10 millions de récepteurs radio. Des petites radios (encore à tubes) ultra simplifiées sont vendues pour équiper la chambre à coucher ou la cuisine, et cela, en plus du récepteur principal.

Je rappelle qu'à cette époque les premiers récepteurs à transistors sont apparus sur le marché depuis 1956. En 1960 ils envahiront le marché.

En 1957 (la même année de fabrication que le récepteur Oceanic Goélette décrit sur cette page) la firme Oceanic sort un récepteur à transistor nommé "le Yacht". (source : Radiomuseum)

Revenons à l'Oceanic Goélette :

Les tubes sont de la série NOVAL et l'amplificatrice finale, moderne puisque créée en 1955, est une triode pentode ECL82 (ou 6BM8) donnant au maximum 3,2 watts.

ECH81 EBF80 ECL82 EZ80 EM80 or EM81 (EM34 de la série OCTAL sur les premiers modèles)

4 gammes d'ondes dont 1 bande étalée, hautparleur elliptique de 12 x 19 cm. Récepteur avec cadre à air incorporé.
Poids 7.4 kg . Prix de mise sur le marché 26.050.00 FRF (Selon Radiomuseum).

En actualisant ce prix en 2016 avec un calculateur d'inflation il couterait 536 euros (inflation de 1253.2%). C'est comme cela qu'on voit les différence de niveau de vie entre 1957 et 2016. Le salaire minimum en 1957 était de 358 euros/mois. Cet appareil coutait donc, en 1957, plus d'un mois de salaire minimal. En 1957 le salaire moyen mensuel d'un employé ou ouvrier était de 420 francs. En 1957, la durée minimale du travail hebdomadaire était de 42 à 45 heures, selon les branches. Source Persée.

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Dépannage

Je n'ai pas de schéma, je trouve sur Radiomuseum le schéma du poste Oceanic Pirate qui utilise les mêmes tubes. Ce schéma est très proche de celui de mon appareil. Cela me suffira.

Le transformateur à changer :

L'un des secondaires haute tension du transfo est coupé (grillé) la première opération consiste à changer ce transfo. Dans les épaves de postes radio de cette époque on trouve des transfos compatibles. Il suffit que l'épave dispose de tubes Noval en nombre et puissance identique ou supérieur à mon appareil. Il faut aussi que l'épave soit prévue pour une redresseuse, à cathode isolée, chauffée en 6,3V et en bi-alternance (EZ 80 ou 6X4 par ex.).

C'est ce que je fais, sachant que mon nouveau transfo récupéré délivrera une haute tension plus élevée (300 volts) que celui d'origine qui devait délivrer 250-265 volts environ.

En conséquence une résistance de 330 ohms sera insérée entre la sortie positive de la redresseuse et la résistance de filtrage, laquelle passera de 1K à 1,8 K. (Fig 3 ainsi que H et G sur la fig. 12).

Fig. 3

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Les lampes testées au lampemètre Métrix 310 BTR sont toutes bonnes.

Il faut tester tous les condensateurs. En effet ces condensateurs étanchés avec du brai ou un goudron ont pris l'humidité et 3 sur 4 ont une résistance appréciable, ce qui occasionne un courant de fuite.

Pour tester ces condensateurs à film, il faut dessouder une patte, les mesurer à l'ohmmètre et si c'est bon les mesurer encore au capacimètre. Et remplacer tous les défaillants : (B,D,F,K, de la fig. 12 par ex.).

Les condensateurs chimiques (= électrolytiques) sont toujours à changer. (P filtrage et C de la cathode de ECL82 en fig. 12). Le condensateur double de filtrage, 2 x 32 µF) doit tenir 500 volts. Je les achète chez Radiofil.

En revanche les condensateurs au mica sont quasiment éternels si leur pattes n'ont pas été manipulées ou forcées.

Je découvre qu'un condensateur placé entre l'anode de la pentode de puissance de l'ECLL82 et la masse est en quasi court circuit (Fig. 11 et lettre M sur fig. 12). Ce condensateur qui est soumis à la haute tension a pour rôle d'éliminer les trop haute fréquences et les excès d'aigus. Il mettait tout le système de haute tension en court circuit et peut avoir causé la surchauffe du secondaire du transfo. Curieusement la redresseuse EZ 80 n'a pas souffert. Mystère. Fig. 11.

Fig. 11.

Les résistances occupant des fonctions critiques sont à tester aussi, souvent leur résistance augmente hors des limites tolérables. (A,E,G,H de la fig. 12 par ex.).

OCEANIC-GOELETTE-12 [640X480].JPG Déchets...

Panne vicieuse

Tout ceci étant fait je branche l'appareil, j'entends le son mais faiblement. En outre j'entends un ronflement. Le potentiomètre à fond ne modifie pas le volume qui reste faible. Par ailleurs toutes les tensions sont normales.

Je mesure le potentiomètre, qui est double : volume + tonalité et qui comporte aussi un interrupteur. C'est 500 K logarithmique pour le son + 50 K linéaire pour la tonalité.

Le curseur du son (la borne du milieu) est "coupé" quelque part. Je n'ai pas de potentiomètre identique. Il faut tenter de réparer. Je sors le composant du châssis. je le démonte en écartant les griffes et je découvre que la piste carbonée et tout l'ensemble est totalement encrassé. Je nettoie avec le produit spécial pour potentiomètres KF Linear et un pinceau à poils longs et doux. Je teste à l'ohmmètre et c'est bon. Je remonte l'ensemble et enfin le poste hurle et il n'y a plus aucun ronflement.

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OCEANIC-GOELETTE-9 [640X480].JPG Fig. 12


Fonctionnement

L'appareil fonctionne bien, avec beaucoup d'aigus, le son est très net. La sensibilité est très correcte sur toutes les gammes d'ondes. Aucun réalignement n'est nécessaire.


ECL82 = 6BM8

ECL82 = Triode + tétrode de puissance mise sur le marché fin 1955 pour les téléviseurs. En radio, durant la longue domination de l'EABC80, il y avait peu de demande pour cette lampe combinée avec préamplificateur et étage de sortie audio.

Seule l'ECL82, destinée à la télévision, était disponible. Sa triode est surdimensionnée comme préamplificateur et son étage de sortie était limité à une tension de 200 volts avec une amplification un peu faible, un peu inapproprié pour des radios secteur.

Et pourtant, avec ses 3,5 watts de puissance sonore, une anode supportant 300 volts jusqu'à 500V et la triode donnant jusqu'à 1W la ECL82, très économique, va envahir le marché des postes radio à bas cout. Plus tard, la ECL86, donnant 4 watts sonores, lui succèdera.

Ce tube ECL82, vraie "bonne à tout faire" va se révéler très polyvalent, à tel point qu'il est encore fabriqué en 2016.

En savoir plus, dans ce site, sur ECL82 = 6M8 :

philips-h4f74

ampli 300b-class-a


Rédigé le 14 Février 2016