Lemouzy, Poste à Batteries, "Toutes Ondes 29" 1929

(système Hyper-Hétérodyne)

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Description

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Présentation de l'appareil

Poste à batteries Pourquoi ?

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En 1929 beaucoup de récepteurs radio étaient dit à "batteries" parce qu'ils fonctionnaient avec des batteries et non pas encore sur le secteur.

Pourquoi ? Parce que l'électricité n'était pas encore partout et parce que les secteurs déjà distribués n'étaient standardisés.

On trouvait du 110 volts alternatif 50 périodes, mais aussi du 110 volts continu, du 110 volts 25 périodes, etc.

Il fallait donc pour alimenter ces postes de radio une batterie de 4 volts, et une batterie de 120 volts avec prises intermédiaires donnant du 80 et du 40 volts. En outre il fallait une ou deux piles pour polariser les tubes de puissance.

Pour ce modèle LEMOUZY il fallait 2 piles Wonder de 4,5V donnant 9 volts.


La pile Wonder, fonctionnant selon le modèle inventé en 1866 par l'ingénieur français Georges Leclanché, est créée en 1916 par une antiquaire de la rue Marcadet (XVIIIème art.), Estelle Courtecuisse. Le premier client est l'armée britannique. La commercialisation commence en 1918. On ignore qui est l'inventeur du slogan "La pile Wonder ne s'use que si l'on s'en sert". En 1966 Wonder détient plus de 37 % du marché des piles devant Leclanché et Mazda.

Wonder rate la révolution alcaline et sa situation se dégrade.

L'entreprise Wonder, restée familiale jusqu'en octobre 1989 (le patron est alors Victor Courtecuisse), est rachetée par Bernard Tapie qui la soumet aux traitements qui ont fait sa réputation, puis, en 1985, ce qu'il en reste est repris par la firme américaine Ralston Energy Systems (piles Energizer, Ucar, Mazda).


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bloc-secteur-helior-1927.jpg Pub de bloc secteur...

Autre pub de bloc secteur...(1927)

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En 1929 dans le commerce on ne trouvait que 2 types de tubes radio : les triodes et les bigrilles. Les pentodes n'étaient pas encore commercialisées. La majorité des tubes étaient à chauffage direct, le filament chauffé émettant les électrons et faisant fonction cathode en même temps.

Le rendement des tubes électroniques de cette époque était faible et donc l'amplification restait modeste.

En revanche, en ces temps lointains, le système superhétérodyne était déjà connu, concurremment avec la détection à réaction et l'amplification directe.


Vous voyez les deux piles de polarisation, de 4,5 volts, insérées dans leur supports. Le petit tube que vous voyez au fond à droite est un ersatz (tube de substitution) destiné à remplacer le tube final qui manquait.

La grande bobine en cuivre est celle des ondes courtes.

La bobine, jaune clair, en nid d'abeille est celle des ondes moyennes.


Pour la détection on utilisait une triode et non pas une diode.


Vue du châssis par le dessous. Tous les fils sont rigides et tirés "à l'équerre" comme en électricité. Alors que l'on nous apprend qu'en haute fréquence il faut des câblages le plus court possible !!!


L'accord simultané de l'oscillateur et de l'entrée antenne n'existait pas il fallait donc régler deux boutons différents pour être enfin "pile, poil" sur une station. C'est agaçant de tant "pinailler" pour trouver une station radio.

Il en résultait un maniement compliqué et une sensibilité médiocre. Pour améliorer cette dernière il fallait de très bons cadres ou antennes. Cela permet de comprendre l'adage "Tant vaut l'antenne, tant vaut le récepteur". A notre époque le moindre bout d'antenne suffit pour que le récepteur reçoive.

Pour régler la sensibilité et le volume on agit sur des rhéostats qui augmentent ou diminuent le chauffage des filaments et modifient ainsi l'intensité anodique ou la polarisation. En tout on agit sur trois rhéostats : celui du chauffage des moyennes fréquences, celui de la polarisation des moyennes fréquences et celui du chauffage des deux tubes basse fréquence pour le son. Depuis 1930 ce système n'est plus utilisé et on a recours à un potentiomètre pour le volume sonore, quant à la sensibilité elle est automatique.

La sortie se fait sur un haut parleur à haute impédance (2000 ohms par exemple) alors qu'à notre époque les haut-parleurs sont tous à basse impédance : 4 ou 8 ohms. On contourne la difficulté en utilisant un transformateur de sortie d'un ancien poste de radio à lampe quand on ne dispose pas d'un haut parleur antique.


L'allure caractéristique des tubes des années 1925-1930


pub91-1926.jpg


Sur une lampe de marque Dario il est écrit :

"Défense d'exporter de France"

??????


Dès 1930 les postes de radio fonctionnant sur secteur font disparaitre les postes à batteries.

Un poste à batteries, des années 1925-1930, a toujours une façade, ressemblant à un tableau de bord, remplie de boutons pour les réglages multiples.

Cependant les récepteurs de radio (à tubes) fonctionnant avec des piles ou des batteries demeureront jusqu'en 1955 dans le domaine civil (dans les automobiles et pour les loisirs mobiles) et jusqu'en 1965 dans le domaine militaire.

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Merci Jean-Marie !

Merci Nicolle !

Cet appareil LEMOUZY appartenait à feus Madame et Monsieur PILLOT qui demeuraient à SENS (Yonne).

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C'est mon premier poste à batteries.

Déconcertant au premier abord !

Très simple ensuite...

Le Lemouzy qui m'a été fourni m'a d'abord déconcerté par sa technologie. C'est vraiment une autre époque 1929. J'ai étudié tout ce que j'ai pu, sur ce sujet, pour me mettre dans l'ambiance. Heureusement le WEB est riche de forums et études. Puis à force de rechercher ses pannes j'ai fini par le comprendre. Et il est vrai que c'est très simple et très primitif.

Pour le remettre en état je suis passé par les étapes suivantes :

1°) Fabriquer une alimentation

Cliquer ici

2°) Remplacer les tubes hors d'usage. Ersatz

Sur les 7 tubes qui équipaient ce récepteur, un manquait et 2 autres n'avaient plus de débit anodique suffisant. Ces tubes n'étant trouvables qu'à des prix prohibitifs (60 à 100 euros pièce) j'ai commencé par étudier le sujet relatif à la fabrication des ersatz.

C'est quoi un ersatz ? Ce mot allemand, devenu universel, est apparu en France pendant la dernière guerre mondiale de 1939-1945, il désigne un produit alimentaire de remplacement (et de moins bonne qualité). Pourquoi ? Certains produits essentiels manquaient et on leur trouvait un produit de substitution. Par exemple le malt ou la chicorée remplaçaient le café. La margarine remplaçait le beurre. La saccharine remplaçait le sucre.

Et bien, dans notre cas, on trouve des tubes électroniques, plus récents, et surtout disponibles, à chauffage direct que l'on adapte pour remplacer des lampes radio de 1929. Par analogie ils sont nommés ersatz.

Et ces tubes à adapter proviennent de 3 sources : Les stocks de la dernière guerre 1939-1945, les stocks militaires de la guerre froide (1945-1970) ou les stocks de tubes des postes de radio à pile des années 1945-1955, dont la carrière fut stoppée net par l'arrivée du transistor. Ils ne sont pas chers (2 à 5 euros le tube) et l'adaptation est souvent heureuse pour le fonctionnement. Tant  pis pour l'esthétique ...

J'ai utilisé des tubes de l'armée américaine et des tubes de l'armée soviétique. (Ils ne sont plus en guerre froide ou chaude...).

Il existe aussi des ersatz transistorisés pour remplacer des tubes.

Sites intéressants :

Un site très documenté sur tout ce qui peut être fait sur les postes à batteries :

http://www.carnets-tsf.fr/

Un site très intéressant, de passionnés, qui fabriquent même et vendent des ersatz, je vous donne son adresse : http://www.cfp-radio.com/ersatz/serie51.html

Un autre site multilingue : http://www.radiomuseum.org/forum/ersatz_fuer_die_modulateur_bigrille_roehren.html

Ersatz de triodes (facile)

ERSATZ de A409 avec 3Q5

J'ai fait mes premiers ersatz de triode avec des 3Q5 qui sont vendus à la boutique de Radiofil à 3 euros pièce. Il faut être membre de Radiofil.

Ce sont des tubes tétrode, des surplus de l'armée américaine, avec chauffage direct sous 2,8V 50mA. Leur fonctionnement est parfait et leur aspect très esthétique.


 

ERSATZ de triode finale

Pour la triode finale j'ai utilisé la 3A4, vendue à 3 euros pièce à la boutique de Radiofil. (Il faut être membre de Radiofil) Ce tube pentode est chauffé en direct à 2,8V sous 100mA et peut délivrer jusqu'à 0,7W avec une HT de 150 volts. Ici il sera monté en triode. 2 résistances de 6 ohms permettent de l'alimenter sous 4 volts.

Il est moins esthétique que le tube 3Q5. Mais une fois entouré de tôle étamée (celle des boites de conserve) son allure est plus correcte. photo ci-dessous.

Ersatz de bigrille A441

Autant l'ersatz de triode marche à tous les coups, autant l'ersatz de la bigrille A441 changeuse de fréquence est délicat. Et pourtant ce tube est vraiment le plus rare. Je l'ai vu en neuf à 100 euros pièce.

Avec 2SH27L Echec !

J'ai tenté avec la fameuse pentode universelle soviétique 2SH27L : Echec ! Malgré 4 tentatives...

Tubes soviétiques 1964. 2SH27L

Echec !


A441 solid state = tout transistors OUI !

J'ai tenté avec un schéma publié sur le site français Carnets de TSF sur radiomuseum et sur un site allemand. Ce fut une réussite. Le petit MosFet double gate a une sensibilité remarquable. Toutefois la mise au point fut laborieuse en raison d'accrochages. En fait il suffisait de relier la masse au -4V et de découpler le +4V avec un condensateur.

Il convient de remercier le concepteur du principe M. MUR.

Ersatz A441 solid state.

Remarques: Cet ersatz est excellent en sensibilité, supérieur à une bigrille A441N. Bien meilleur qu'un ersatz avec heptode, genre DK91 (=1R5). Mais, il est sensible aux tensions (ou surtensions). En le plantant sur le récepteur sous tension je l'ai claqué. Ma tension était de 44 volts.

Prenez donc la précautions de toujours l'enficher sur un récepteur éteint. Veillez à ne pas dépasser 40 volts. Ci-dessous j'ai ajouté un réducteur de tension entre l'anode et le module.

modification

Nouveauté 2018

L'ersatz ci-dessus existe dans le commerce, sous la forme d'un minuscule composant:

Je l'ai trouvé chez Radioelec pour 24 euros le 20 Mars 2018.

Tout en composants de surface (CMS) diamètre 30 mm.

Il faut fabriquer, si besoin, un brochage (un culot) avec une plaquette cuivrée pour circuit imprimé et des boulons de 3 (M3) en bronze. Au dessus, si vous êtes très habile vous pouvez coller une ampoule, préalablement coupée, vidée et nettoyée. L'opération est délicate, mais l'illusion parfaite. En ce qui me concerne, j'ai mis un tube en plastique noir d'emballage de pellicule photo argentique 24/36.


A441 avec DK91 (=1R5) OUI !

Mais un peu moins sensible qu'une A441 vraie et en bon état.

tube militaire français.

A441 ersatz avec DK91 (Radiomuseum)

Remerciements au concepteur Pierre Genet !

Ersatz A441 avec DK91 en fabrication.

J'ai adapté en découplant le -4V sur le blindage du tube et en découplant le - 1,4V sur ce même blindage.

Le produit fini...

La boite de conserve en fer étamé est très pratique pour faire les blindages et certains revêtements. Elle est facile à travailler et soudable à l'étain.

Il faut découper, sans cabosser, les haut et le bas. On obtient ainsi un cylindre de tôle que l'on ouvre, à la cisaille, en suivant la ligne de soudure.

On obtient ainsi un rectangle de tôle mince étamée d'un côté et peinte de l'autre.

Puis sur un rouleau on force la courbe à l'envers pour obtenir un rectangle de tôle plate.

Cette tôle mince est très coupante.


3°) Dépanner.

Hormis les tubes, ce poste radio souffrait d'une quantité de pannes. Il ne faut pas compter son temps et tout reprendre de "fond en combles"...

Je supprime le 120 volts et passe tout en 80 volts sauf la bigrille qui fonctionne sous 40 volts. Mon 80 volts électroniquement filtré et régulé suffit.

Un des deux transformateurs de liaison BF était coupé et introuvable. Il fut d'abord remplacé par un transformateur de liaison amplificatrice téléphonique des années 1950, puis par un couplage par résistances et capacité. Le transformateur de liaison a un avantage : son rapport 1/3 amplifie le signal. Il en résulte une perte de puissance en adaptant le couplage capacitif. En revanche le son est meilleur.

Ci-dessous ce magnifique transfo aux circuits coupés.


Transformation de la liaison par transformateur en liaison par résistances et capacités.


L'axe de démultiplication épicycloïdal à bille du condensateur d'oscillateur était cassé. Mon voisin Antoine me l'a reconstitué en tournant une tirette chromée de clapet de lavabo.

Epyciclic_gear.gif Réducteur épicycloïdal

démultiplicateur du C.V.

5 condensateurs "fuiteux" ont été remplacés.

Heureusement les transformateurs moyenne fréquence à 72 KHZ étaient intacts. OUF ! un problème en moins...

transfo Moyenne fréquence 72 Khz.

Certaines soudures ont été reprises et les contacts à vis nettoyés.

Le deuxième transformateur de liaison BF, qui n'était pas d'origine, était inadapté et causait une insupportable distorsion, je l'ai remplacé par une liaison résistance-capacité.

Le système de polarisation fixe -4,5V sur la première BF et -9V sur la lampe finale a été remplacé par un système de polarisation par potentiomètre qui permet de doser exactement l'intensité anodique des 2 tubes BF. Et pour connaître cette intensité il suffit d'insérer dans la ligne d'anode (= de plaque) une résistance de 10 ohms qui ne gène pas et permet la mesure avec un voltmètre numérique. Par ex. pour 10 mA vous avez 0,1V aux bornes de ladite résistance. (Schéma ci-dessous).

Polarisation ajustable.

Polarisation ajustable.

4°) Résultats.

La sensibilité n'est pas celle qui existera à partir des années 1935 et suivantes, la stabilité non plus. L'appareil est très sensible aux parasites. Pour trouver une station il faut être patient et ne pas craindre de tripoter tous les réglages.

Le son n'est ni puissant ni merveilleux. Mais, compte tenu de l'époque, le fonctionnement reste acceptable. Pour recevoir bien il convient d'adopter un cadre amplifié. A l'époque la plupart de ces appareils fonctionnaient avec un grand cadre à air passif (voir la publicité).

L'appareil, âgé de 89 ans, en 2018, est original et rare, il remonte à une période où la radio était un luxe réservé aux classes aisées. Le prix d'époque représente 2 années du salaire basique (genre SMIC) d'un manœuvre de 1929.

Ci-dessous une illustration du confort moderne 1926.

Anecdote perso : Chez moi, vers 1933, ma tante Thérèse Terrier, qui était institutrice, avait acheté, d'occasion, un appareil de ce type. Le progrès des technologies de réception radio progressant rapidement (aussi rapidement que l'informatique de nos jours) ces chefs d'œuvres de qualité et de finition étaient rapidement obsolètes et se dévaluaient substantiellement en quelques années. Ils étaient fabriqués, avec soin, pour durer longtemps, mais c'était oublier les progrès rapides de la technique radio et de la fabrication en série qui diminue les coûts de fabrication. La pénétration de la radio dans les classes plus modestes se situe vers 1935-1940 en France. Et en 1955-1960 presque tous les foyer avaient leur récepteur radio. Le transistor parachèvera cette évolution. En 1952, j'avais 12 ans et j'ai tenté de réparer et de faire fonctionner l'appareil de ma tante qui était rangé dans un placard secondaire. Ce fut un échec et j'ai ainsi détruit ce bel objet familial.

Restaurer un tel objet est simplement un plaisir pour le collectionneur, qui aime faire revivre des objets anciens. Il n'est pas question de business ou de rentabilité.

Le timbre fiscal radio.

Note du propriétaire usager.

Le verso de la note...


Schéma exemple d'un poste à batteries classique :

Mon LEMOUZY Hyper Hétérodyne ressemble à ce schéma (avec quelques variantes quand même).

Clic pour agrandir

Voir aussi

Cadre à air pour Lemouzy


FIN rédigé 24 Février 2011. MAJ 12 Juillet 2015 (Mobile Friendly); MAJ 22/03/2018.