Surpopulation, mère de tous les problèmes écologiques 

Par Jean Marichez

 

Qui est Jean Marichez ?

Jean Marichez : Ingénieur Icam, et ICG, retraité, né en 1936, est un auteur qui s'intéresse à la paix, à certaines questions mondiales ou sociétales, à la géopolitique et aux géostratégies.

Vous retrouverez ses ouvrages et références sur Google.

 

Note : J'approuve personnellement son analyse.

 

Jean Marichez

Pour vos réflexions et dans un but pédagogique, vous pouvez télécharger ce texte au format PDF, inclus dans un ZIP en cliquant le bouton ci-dessous :

Clic

 

L'écologie est une science sérieuse et importante. Je m'y suis peu intéressé jusqu'ici parce qu'elle me paraissait bien prise en charge, non seulement par la recherche mais surtout par les médias et dans l'opinion publique. Le train me semblait suffisamment bien parti et, malgré des difficultés, il roulait vers le progrès. Aujourd'hui, je veux parler d'un aspect de ces questions qui n'est pas assez abordé, le rapport entre l'écologie et le volume de la population mondiale.

 

Distinguons d'abord les sujets d'inquiétude de leurs causes.

Sujets : Réchauffement de la planète, montée des eaux, caprices climatiques, réduction de la biodiversité, épuisement des ressources halieutiques, pollution des océans, épuisement des ressources en eau, salinité des terres arables, épuisement des ressources minières, des terres rares, du pétrole et du gaz, pollution de l'air et des terres agricoles, mondialisation obligatoires des solutions, poids des incidences économiques ou financières, etc. tous ces drames d'aujourd'hui ont de multiples causes.

Causes : nos modes de vie plus confortables, climatisations en pays chauds, usage inconsidéré des produits chimiques, rejets industriels non contrôlés, pêche à outrance, mais aussi extension des transports, mondialisation des échanges, plastiques, emballages, insouciance, guerres, etc. la liste est encore longue. Et parmi ces causes, curieusement, la plus fondamentale est rarement citée, c'est l'augmentation foudroyante de la population du globe. Lorsqu'elle est citée, ce n'est que comme l'une des causes, l'une parmi d'autres. Or c'est une erreur de perspective car c'est la cause mère, celle qui, à elle seule, engendre tous les sujets d'inquiétude et qui amplifie toutes les causes. Je l'ai compris le jour où je me suis posé cette question toute simple : Y a-t-il un seul de ces sujets qui ne dépende essentiellement de la surpopulation ? Je n'en ai pas trouvé un seul. Quant aux causes, elles sont toutes surmultipliées par le nombre d'habitants de notre planète. Cela mérite quelques explications.

 

Augmentation de population ?

Voici quelques chiffres, à peine arrondis, issus de l'Institut National Démographique [1] :

1800 – 1 milliard d'habitants sur terre

1930 – 2 milliards

1960 – 3

1974 – 4

1986 – 5

1998 – 6

2010 – 7

2022 – 8

2050 – 10

En moins d'un siècle, notre population mondiale est passée de 2 milliards à 7,8 milliards. Elle sera de 8 milliards dans 3 ans, de 10 milliards dans 30 ans, et de 11 milliards en 2100, date où elle commencera à se stabiliser (selon les prévisions de l'INED).

Pour s'en faire une idée, elle augmente actuellement de plus de 200.000 personnes par jour, oui vous lisez bien, par jour. Et ce chiffre n'est pas celui des naissances, non, il représente la différence entre les naissances et les décès. Cela donne 75 millions de plus par an, c'est à dire plus chaque année que la population française qui est de 67 millions. On peut bien parler d'une augmentation foudroyante, elle explose depuis le milieu du XX° siècle.

Bien que la population diminue déjà dans certains pays développés, au global la folle augmentation va continuer durant tout ce siècle car en Afrique elle va doubler dans les 30 ans : de 1,25 milliards actuellement elle sera de 2,5 milliards en 2050, et même 3,5 milliards en 2100. Ainsi, au total, sauf cataclysme, nous atteindrons 11 milliards à la fin du siècle.

 

Le problème

Alors qu'en 1973, avec René Dumont candidat à la présidentielle, on tirait déjà la sonnette d'alarme écologique car, avec 4 milliards, la population venait de doubler en 45 ans, ce qui ne s'était jamais vu de mémoire d'homme. Cela le conduisait à parler d'atteintes graves à l'environnement et d'épuisement de nos ressources. Pourtant, nous n'étions que 3,9 milliards. Aujourd'hui, 45 ans après, parvenus à 7,8 milliards d'humains nous avons encore une fois doublé et cette fois ce sont l'ensemble des scientifiques qui annoncent la catastrophe.

Alors, quand on sait que l'on se dirige à coup sûr et à court terme vers les 11 milliards, force est bien de reconnaître qu'il y a un problème. Puisque le problème était sensible à 4 milliards, catastrophique voire irrattrapable avec 8 milliards, qu'en sera-t-il à 11 milliards ? Malgré tous nos efforts, il faut bien le constater, nous ne prenons pas les dispositions suffisantes, nous ne parvenons même pas à convaincre aux bons niveaux. Les forces en présence, qui poussent à consommer les ressources planétaires, à transformer profondément le climat et à tuer la moitié des espèces animales, sont les plus fortes. Disons le clairement, nous ne savons pas faire.

Lundi 13 novembre 2017, plus de 15 364 scientifiques de 184 pays ont publié dans la revue BioScience une tribune intitulée « Avertissement à l’humanité ». Le texte alerte sur les risques de déstabilisation de la planète, faute d’actions pour préserver l’environnement et les écosystèmes. Et il recommande, entre autres actions, des mesures démographiques comme la réduction du taux de fécondité et la détermination d’une taille de population humaine soutenable.

D'autres appels de scientifiques ont eu lieu sur le même thème comme celui publié dans La Croix du 10 octobre 2018 par 21 d'entre eux sous le titre "Freiner la croissance de la population est une nécessité absolue".

 

Cause principale ?

Alors que chacune des causes de pollution ne joue que sur l'un ou l'autre de ces drames, celle-ci, la surpopulation a la particularité de jouer à la fois sur tous les domaines d'inquiétude et sur toutes leurs causes : elle influence directement le volume de CO2, de méthane et autres gaz à effet de serre et donc la puissance du réchauffement climatique, la pollution des océans et leur épuisement, la multiplication et l'épuisement des terres agricoles, la pollution de l'air dans les villes et les vallées, la rareté de l'eau, l'épuisement des ressources minières ou énergétiques, l'envahissement des plastiques ou des produits chimiques, la disparition des forêts, la disparition des espèces, le gigantisme des villes, le bétonnage des côtes, etc. Sans compter la multiplication des difficultés liées au vivre ensemble, l'augmentation des risques de conflits, le refus des immigrants et les populismes, l'ampleur des crises économiques, etc.

Chaque être sur terre consomme durant sa vie des tonnes d'énergies fossiles pour son chauffage, sa climatisation, ses déplacements qui se chiffrent en millions de km, ses transports de marchandises. Il consomme des tonnes de viande, des tonnes de cuir, de coton ou de laine, des tonnes de plastiques, d'emballages, de papiers, de caoutchouc et donc de forêts, des tonnes de métaux et de terres rares, des tonnes de produits chimiques pour sa santé et sa beauté, des tonnes d'eau pour son agriculture et pour ses fleurs, etc. La liste est encore longue... L'AFP a publié le chiffre de 60 comme bilan carbone d’un nouvel enfant contre 1 pour quelqu'un qui devient végétarien. Cela ne signifie pas qu'il ne faut pas devenir végétarien, qu'il ne faut pas acheter de la nourriture locale, utiliser son vélo, contrôler les étiquettes en magasin, etc. Bien au contraire, il faut faire tous ces efforts car ils sont multipliés par le nombre de personnes courageuses. Mais cela souligne l'importance majeure du facteur population.

 

Combien d'habitants faudrait-il ?

Mais alors direz-vous combien d'habitants notre terre peut-elle accepter sans aller droit dans le mur ou plus exactement sans atteindre des situations irréversibles ? Quel est le niveau de "Population Écologiquement Soutenable" (PES) ? Quel est notre PES aujourd'hui compte tenu des efforts que nous sommes capables de faire et aussi de nos égoïsmes ?

Pour s'en donner une idée, constatons qu'on ne parle sérieusement de pollution que depuis les années 70, alors que nous n'étions que 4 milliards soit la moitié d'aujourd'hui où, justement, nous avons atteint des situations irréversibles avec le climat, la biodiversité, les ressources du sous-sol, etc. Constatons aussi avec l'ONG américaine Global Footprint Network, qui calcule chaque année le jour où la consommation mondiale de ressources naturelles dépasse ce que peut fournir la planète en un an, que l'humanité puise, à partir du 27 juillet, dans des stocks à crédit, et que chaque année cette date avance de plusieurs jours. Le calcul prend en compte les émissions de carbone, les ressources consommées par la pêche, l'élevage, les cultures, la construction et l'utilisation d'eau et les émissions de carbone. En attendant mieux, ces deux observations laisseraient penser que nous aurions déjà doublé le niveau de population raisonnable ? Ce niveau de 4 milliards n'a aucune valeur mais il est juste indicatif au vu de l'ampleur des problèmes posés et de l'importance des inquiétudes. Dernièrement, en écoutant la radio, j'ai pris conscience de cette ampleur en cherchant vainement une station qui ne parlait pas d'environnement. Curieusement, je n'en trouvais pas. Toutes parlaient des efforts personnels qu'il fallait envisager et des investissements énormes exigés des collectivités et des entreprises. Toutes en débattaient, chacune sous un angle particulier, mais étonnamment, aucune ne s'intéressait au volume de population : Comment pouvons-nous être si aveugles ?

Il est probable que des progrès technologiques permettront de faire progresser ce PES mais je ne vois pas lesquels peuvent suffire : taxation des émissions de CO2 ? Nettoyage des océans ? Interdictions de pêches marines ? Réensemencements ? Amélioration des rendements agricoles tout en interdisant de plus en plus de produits chimiques ? Réduction de la pollution de l'air des mégapoles de plus de 30 millions d'habitants alors qu'elles se multiplient et que les plus grandes d'entre elles n'en avaient que 8 millions il y a 50 ans ? Diminution de la rareté de l'eau ? Oui mais à quel coût énergétique ? Découvertes de nouveaux gisements de pétrole, de gaz, de charbon, de métaux et autres terres rares ? Oui sans doute mais au prix de simples reports de dates ? Interdiction des plastiques non biodégradables ? Interdiction de produits chimiques alors que nous ne cessons d'en multiplier l'usage ? Plantations de nouvelles forêts alors que nous ne cessons de les détruire ? Enrichissement de la biodiversité alors qu'elle ne cesse de se réduire ? Dé-bétonnage des côtes alors que le tourisme ne cesse de croître ?

On le voit, le facteur progrès interviendra certainement mais laisse peu d'espoir quant à un renversement de tendance et à l'amélioration du PES. D'autant plus que le progrès n'est rien sans l'humain, plus exactement sans le progrès de l'Homme. Peut-on espérer qu'il soit demain moins égoïste et qu'il sache privilégier le long terme ? Qu'il sache par exemple se priver de transport ou de vacances afin de sauver la planète ? Non. Ce n'est pas réaliste. L'Homme ne change pas et il n'agira que contraint et forcé devant la nécessité.

 

Débat

Pourtant, des intellectuels, démographes ou géographes, parmi l'élite intellectuelle disent ne pas s'inquiéter. Leur principal argument est qu'après 2100, la hausse démographique s'arrêtera d'elle-même avec la hausse des niveaux de vie comme l'indiquent toutes les études. Nous atteindrons 11 milliards et, selon eux, nous pouvons faire confiance à nos capacités d'adaptation qui sont grandes. Certes, leur optimisme est rassurant mais pouvons-nous nous en contenter ? Et à quel prix exorbitant faudrait-il s'adapter ? Par ailleurs, curieusement, ils ne considèrent la surpopulation (qu'ils reconnaissent) que comme l'une des causes d'inquiétude écologique. Ils n'évoquent pas le fait que toutes les causes en sont issues, que c'est la cause mère de tous nos problèmes. Le Point du 20 juin 2019 fait le même oubli dans une étude, par ailleurs excellente et faisant bien la part des choses sur chacun des grands problèmes écologiques. C'est fort dommage car cela passe à côté de la seule solution efficace. En effet, c'est la seule cause sur laquelle on peut agir - facilement - à faible coût - et avec résultat sur tous les sujets d'inquiétude : il est possible de réduire les naissances à l'échelle mondiale. Assurément, cela nécessite des études et des moyens mais c'est possible et surtout, cela coûte beaucoup moins cher que toutes les autres solutions d'adaptation. Beaucoup moins cher. Evidemment cela ne résoudra pas le problème, loin de là, mais c'est la voie la plus intéressante et l'on ne peut s'en passer. Pire, s'en passer serait une erreur colossale.

Certains, rassurants, insistent encore sur le fait que notre planète est capable de nourrir bien plus que 10 milliards d'habitants. Ils ont raison, sauf que ce n'est plus la bonne question : à quoi sert de nourrir tout ce monde si la planète est devenue invivable ?

Ils reviennent sans cesse sur le fait que les discours malthusiens ont toujours été contredits par la réalité. C'est exact, Malthus s'est trompé, l'agriculture a réussi à nourrir tout le monde. Mais n'as-t-on pas trop pris l'habitude de le dénoncer (A force de crier au loup…) ? Et est-ce suffisant pour ne rien faire ? De toutes façons, les arbres ne montent pas jusqu'au ciel et la limitation des naissances finira forcément par s'imposer.

Les mêmes expliquent que ces discours ne font pas confiance à l'homme et à ses capacités d'adaptation, historiquement constatées. Là encore, ils n'ont pas tort, sauf qu'autrefois on avait le temps de s'adapter alors qu'aujourd'hui on n'a plus le temps avec un milliard d'habitants de plus tous les 12 ans.

Certains expliquent que ce n'est pas tant la quantité de population mais nos modes de vie qui polluent. Ils ont raison, sauf que la Chine, l'Inde, et même l'Afrique augmentent leur niveau de vie et font tout pour vivre "à l'américaine". Tout le monde veut une voiture et consommer comme dans les pays les plus développés. Autrement dit, non seulement la population augmentera mais la pollution par personne ne cessera d'augmenter. Ce que confirme la croissance moyenne du PIB mondial de 2,86% depuis 2000, soutenu par les taux élevés en Chine et en Inde.

D'autres se rassurent en pensant que des évènements peuvent changer la donne, l'un parle de l'inefficacité grandissante des antibiotiques, l'autre d'une intervention divine, ou encore de guerres régulatrices de population, de colonisation de mars…

 

Finalement, aux niveaux décisionnaires de la planète, c'est la stabilisation de la hausse démographique après 2100 qui, par incapacité de faire mieux, semble être le grand paradigme auquel l'humanité s'en tient aujourd'hui. Le second fait confiance aux efforts à faire dans nos modes vie : par la conviction ou par la contrainte. Mais chacun de ces efforts pose de nouveaux problèmes : l'abandon des centrales nucléaires crée du CO2, l'abandon des OGM ou du glyphosate ruinent notre agriculture, les batteries de moteur électrique polluent, etc. et coûtent cher. Pour chaque sujet d'inquiétude, on se réunit, on se bat et on finit par établir des programmes dont chacun reconnaît l'insuffisance. On accuse les autres mais les coûts sont si élevés qu'il est plus facile de s'en tenir à de petites décisions provisoires et inefficaces. On se condamne à espérer des événements qui changent la donne. Si ceux-ci n'interviennent pas, il faudra passer par la contrainte, mais celle-ci ne peut-être que de type orwellienne et comment contraindre des milliards d'individus ? Tout cela n'est pas sérieux.

La réalité est que, d'ici 2100, le double effet de la démographie et de la hausse mondiale des niveaux de vie aura causé des maux irréversibles sur les ressources minières, forestières, maritimes, sur le climat, sur la biodiversité… et que, prenant de plus en plus conscience de la gravité de la situation, nous allons forcément dépenser des sommes vertigineuses pour notre survie, au point même de créer des déséquilibres catastrophiques, source d'effondrements financiers et de conflits graves.

Non seulement nous ne pouvons plus attendre mais le retard pris dépasse nos capacités de rattrapage. En effet, si le niveau acceptable de PES est aujourd’hui de 4 ou 5 milliards, combien faudra-t-il de siècles pour revenir de 11 à 5 ? Surtout quand on sait l'ampleur des problèmes que pose toute réduction de croissance mais c'est un autre sujet, lui-même très vaste.

Curieusement, les avis sont binaires : les uns prédisent une catastrophe sans précédent, les autres avancent tous les arguments rassurants. Les premiers ont les chiffres pour eux et les seconds leurs croyances ou, plus élégamment dit, leur foi en l'Homme.

Ce qui est certain c'est qu'il faut s'en préoccuper sérieusement. Soyons donc responsables. Nos enfants accepteront-ils que leurs parents aient consciemment épuisé la terre, détruit le climat, inondé de larges territoires, pourri les mers et l'atmosphère, etc. Oserons-nous leur dire "Demain ça ira mieux" ? Acceptons-nous qu’à moins d’une épidémie foudroyante tuant la moitié des humains ou d’une guerre nucléaire, nous allions droit dans le mur ?

 

Agir

On discute beaucoup : où faut-il investir massivement ? Sur le changement de climat, sur la pureté de l'air, sur les ressources en eau, sur l'économie de notre sous-sol, sur la voiture électrique ou à hydrogène ? Partout, les coûts avancés sont monstrueux alors qu'en agissant sur la natalité on investit à la fois sur tous ces sujets, à bien meilleur coût et à bien meilleur résultat.

Cela n'exclue pas les efforts dans le domaine écologique. Il faut tout faire, d'une part tout ce qu'il est possible de faire pour protéger nos environnements mais il faut accepter de penser que cela ne suffira pas. Trop peu de gens sont et seront prêts à faire des efforts, l'affaire est trop grave, le retard pris est trop grand. Il faut donc lancer d'urgence des programmes de contrôle et de réduction des naissances dans tous les pays. Il faut médiatiser le problème sans stigmatiser qui que ce soit, l'étudier car ce n'est pas simple, en tirer les conséquences par des programmes adaptés à chaque pays, apprendre à vivre en décroissance numérique (comme le font certains pays : Japon, Allemagne…), conserver malgré tout le grand bonheur d’avoir des enfants et de tout ce qu’ils nous apprennent ! Il faut surtout se donner un objectif de niveau global de "Population Écologiquement Soutenable », compte tenu de ce que nous sommes capables de faire (et de ne pas faire !). L’adjectif global est important. Le monde entier, l'ONU et l'Afrique doivent s'y engager de manière organisée, radicale et urgente.

 

Dans son école de commerce, lors d'un exercice imposé, un étudiant a eu l'occasion de réfléchir avec ses amis sur cette question. Voici quelques-unes des solutions pertinentes qu'ils indiquaient pour l'Afrique et les pays sous-développés :

- Aide économique

- Développement de l'éducation sous toutes ses formes

- Développement de la scolarisation des femmes

- Sensibilisation des populations à l'écologie

- Education au contrôle des naissances

- Gratuité des préservatifs

- Primes aux familles peu nombreuses

L'aide au développement des pays africains est souvent évoquée, mais elle a ses limites car la majorité de ces aides vont plus largement dans les armes et la corruption que dans l'éducation. La scolarisation et l'éducation sont des voies solides, surtout celle des femmes car l'expérience montre qu'elle leur permet de maîtriser leur nombre d'enfants.

La naissance d'un africain aujourd'hui cause moins de 10% de pollution générale que celle d'un occidental. Et s'il faut absolument travailler à la natalité africaine pour le long terme car leur pollution augmentera et se modernisera, il faut aussi s'attaquer dès maintenant à la natalité des pays développés qui, seule, permet d'obtenir des résultats à court terme. Des pays développés comme la France et la Hongrie[2] doivent incessamment mettre fin à leur politique nataliste.

Nous sommes condamnés à de lourdes adaptations, car il s'agit de transformer radicalement nos modes de vie et d'agir dans mille directions, comme on le fait actuellement peu ou prou, par exemple avec les programmes de transition énergétique, d'isolation, de moteurs propres, de suppression des emballages, de limitation de la pêche, de transformation des habitudes agricoles, etc. La plus lourde des adaptations viendra du contrôle des naissances car toutes nos sociétés fonctionnent sur des modèles de croissance : sans développement, les entreprises se privent de leur principale source de bénéfice, elles ne peuvent plus investir, elles ne peuvent plus augmenter les salaires, le chômage augmente, sans évolution de PNB les États réduisent leurs prestations sociales, les gouvernements essuient de cuisants échecs électoraux, etc. Bref, à tous niveaux, il semble difficile, voire impossible, de vivre sans croissance. Et pourtant nous allons être dans l'obligation d'apprendre à le faire. Cela n'ira pas sans guerres ou révolutions.

Plus nous nous y prendrons tôt, moins ce sera douloureux.

Jusqu'ici, les questions d'écologie nous étaient présentées comme une noble nécessité pour protéger le climat, protéger nos santés par la qualité de l'air qu'on respire et de notre nourriture, ne pas épuiser nos ressources terrestres, disposer d'énergie à long terme, respecter la biodiversité, etc. Il n'en va plus de même avec l'argument de surpopulation et d'élévation générale des niveaux de vie, car il s'agit maintenant d'extinction de notre civilisation par épuisement de la planète et conflits planétaires. C'est du moins ce qui se dit de plus en plus et qu'on peut trouver chez des analystes sérieux en tapant "grand effondrement" ou "collapsologie" sur un moteur de recherche. Autrement dit, sur ce sujet, il ne s'agit plus d'être pour ou contre, l'enjeu est la survie même de notre humanité.

Il importe donc de s'informer, d'étudier et de communiquer pendant qu'il est encore temps. Et dans l'immédiat, il s'agit de donner aux programmes de réduction des naissances et à leurs corollaires une priorité absolue. Loin de nous l'idée de se priver d'enfants, l'association "Démographie responsable" [3] qui aborde ces questions avec sagesse et intelligence avance l'idée de 2 enfants par couple, non pas comme obligation mais comme recommandation.

Elle recommande aussi de développer des systèmes de retraites en pays pauvres afin que les familles ne se sentent pas obligés de multiplier leurs enfants. Ce n'est pas simple mais c'est une piste de réflexion. Environ 350 millions de femmes des pays les plus pauvres soit n'ont pas désiré leur dernier enfant, n'en veulent pas d'autres ou veulent espacer leurs grossesses, mais il leur manque l'accès à l'information, aux moyens et services à prix abordable pour déterminer la taille et l'espacement de leur progéniture.

L'éducation au sujet de la surpopulation, du planning familial et des méthodes de contrôle des naissances est bien évidemment un ingrédient de base de toute politique de modération de la démographie. Mais au-delà de cette évidence, l'élévation du niveau d'éducation générale elle-même est indispensable, car la corrélation entre l'ignorance et la natalité a toujours été observée ; en particulier l'accession des femmes à l'éducation est indispensable à leur émancipation, condition sine qua non pour qu'elles puissent refuser la procréation.

Le sujet est riche et complexe. Voici l'un des nombreux sites Internet qui en témoignent.[4]

Il faut aussi que les grandes religions cessent de s'opposer au contrôle des naissances. Elles vont être obligées de comprendre que leur position ne pourra tenir éternellement : la procréation illimitée ne peut persister dans une planète aux dimensions finies.

 

Pour conclure

Le temps n'est plus à préférer une solution à une autre car il est déjà bien tard. Je dirais que tout ce qui est possible de faire doit être fait. Il semble raisonnable que chaque pays, chaque groupement humain et chaque humain, s’efforce de progresser dans les secteurs où il a le plus de possibilités de le faire : réduction de la population et/ou manière de vivre. Il est, pour chacun de faire son possible. Mais il est clair que le rapport coût/bénéfice avantage de loin toutes les solutions qui permettent une réduction de la population mondiale. Il est également clair que peu de gens le disent et que peu de gouvernements en ont conscience.

 

J.M. – 19/8/2019

 


Annexes
- Erreur conceptuelle lorsque, en comparant l'évolution annuelle du PIB mondial de 2,86% à l'évolution annuelle de la population qui est de 1,2% on en conclut qu'il est plus important de réduire la consommation que de réduire la population. D'abord parce que la productivité mondiale de 1,5% se déduit du PIB soit 2,86 – 1,5 = 1,36% et c'est ce dernier chiffre qui se compare à celui de 1,2%. Ensuite parce qu'on ne peut que se réjouir du développement économique des pays émergents (d'autant plus que l'élévation du niveau de vie réduit la natalité) et que la décroissance économique des pays développés est impossible à mettre en œuvre en régime démocratique. Les peuples de ces pays n'entreront en décroissance que contraints et forcés par des catastrophes du genre climat ou épuisement du pétrole. Au contraire, la réduction mondiale des naissances est possible et nous en sommes réduit à ne faire que ce qui est possible.

Extraits de - https://fr.wikipedia.org/wiki/Surpopulation#Capacit%C3%A9_de_charge
La surpopulation est étroitement liée à la domination masculine et à la négation des droits de la femme : le rapport 2013 du Fonds des Nations unies pour la population, consacré à « La mère-enfant », donne des statistiques révélatrices213 :
- environ 19 % des jeunes femmes des
pays en développement tombent enceintes avant l'âge de 18 ans ;
- chaque année, dans ces pays, 7,3 millions de filles de moins de 18 ans mettent un enfant au monde ;
- selon les estimations 2010, 36,4 millions de femmes de ces pays âgées de 20 à 24 ans, dont 17,4 millions en Asie du Sud, ont signalé avoir eu un enfant avant l'âge de 18 ans ; c'était en particulier le cas de 28 % des femmes de 20 à 24 ans d'Afrique de l'Ouest et du Centre, régions où le pourcentage des accouchements de filles de moins de 15 ans est le plus élevé : 6 % ;
- quelque 70 000 adolescentes meurent chaque année de causes liées à la
grossesse et à l'accouchement dans les pays en développement ;
- malgré l'engagement quasi universel d'éliminer le
mariage d'enfants, une fille sur trois est mariée avant l'âge de 18 ans ; cette pratique est généralement plus fréquente dans les situations de pauvreté extrême : ainsi, cette proportion atteint son taux maximal (75 %) au Niger, l'un des cinq pays les plus pauvres du monde
- dans les pays en développement, une fille sur neuf est contrainte de se marier avant l'âge de 15 ans ; au Bangladesh, au Niger et au Tchad, ce taux dépasse une sur trois ;
- sur les 13,1 millions d'enfants mis au monde par des mères de 15 à 19 ans dans le monde, seules 680 000 naissent dans les
pays développés, dont 329 772 aux États-Unis en 2011.
-
Les religions, en particulier le catholicisme, les sectes évangélistes et l'islam, s'opposent en général à la contraception. On observe cependant des exceptions : au Mexique, la baisse de fécondité fut négociée en 1972 entre l’Église et le président Luis Echeverría, et le taux de fécondité est passé de 6,5 enfants par femme à 2,3 ; en Iran, pays à strict régime musulman, la pression démographique a fortement diminué ces dernières décennies, de même que dans les pays du Maghreb : en Algérie, l’âge moyen du mariage est passé de 17 ans à 28 ans en une seule génération, notamment parce que les femmes se sont massivement dirigées vers les études ; en Tunisie on compte, à la sortie de l’université, 40 % de plus de femmes que d’hommes170.

Dans le manifeste signé par 15 364 scientifiques de 184 pays, publié par Le Monde le 13 novembre 2017 et dans la revue « BioScience », pour mettre en garde l'humanité contre les risques environnementaux liés à son comportement, la surpopulation est citée comme un des principaux dangers : « les scientifiques signataires de la précédente déclaration de 1992 plaidaient pour une stabilisation de la population humaine, et expliquaient que le vaste nombre d’êtres humains – grossi de 2 milliards de personnes supplémentaires depuis 1992, soit une augmentation de 35 % – exerce sur la Terre des pressions susceptibles de réduire à néant les efforts déployés par ailleurs pour lui assurer un avenir durable » ; « nous mettons en péril notre avenir en refusant (...) de prendre conscience que la croissance démographique rapide et continue est l’un des principaux facteurs des menaces environnementales et même sociétales ». Le manifeste liste des « mesures efficaces et diversifiées que l’humanité pourrait prendre pour opérer sa transition vers la durabilité », dont : « réduire encore le taux de fécondité en faisant en sorte qu’hommes et femmes aient accès à l’éducation et à des services de planning familial, particulièrement dans les régions où ces services manquent encore » et « déterminer à long terme une taille de population humaine soutenable et scientifiquement défendable tout en s’assurant le soutien des pays et des responsables mondiaux pour atteindre cet objectif vital »214.

Selon Claude Lévi-Strauss, « la surpopulation est le problème fondamental de l'avenir de l'humanité »215,216.

Le commandant Cousteau a déclaré : « Une terre et une humanité en équilibre, ce serait une population de cent à cinq cent millions de personnes, mais éduquées et capables d'auto-subsistance. Le vieillissement de la population n'est pas le problème. C'est une chose terrible à dire, mais pour stabiliser la population mondiale, nous devons perdre 350 000 personnes par jour. C'est une chose horrible à dire, mais ne rien dire l'est encore plus »217.

René Dumont, agronome et premier candidat écologiste à une élection présidentielle française, en 1974, commença son allocution télévisé par : « Je vais vous parler ce soir du plus grave des dangers qui menace notre avenir : celui de la surpopulation, tant dans le monde qu’en France »218.

Le député européen Yves Cochet a déclaré : « Aujourd’hui, plus on a d’enfants, plus on touche. Je propose qu’une famille continue de percevoir des aides pour les deux premiers enfants, mais que ces aides diminuent sensiblement à partir du troisième219 » et : « Il n'est pas question d'un programme autoritaire de limitation des naissances, mais d'une neutralité de l’État français ou des institutions européennes, c'est-à-dire une réduction des allocations familiales à partir du troisième enfant220. »

Kofi Annan, secrétaire général des Nations unies (1997 - 2006) a déclaré : « Si nous continuons dans cette voie, si nous ne faisons rien pour enrayer l'accroissement de la population, nous allons en payer le prix, nous allons nous retrouver dans un monde surpeuplé. La démographie a un impact sur le développement économique, sur l'environnement et sur les ressources de la Terre qui sont limitées221. »

Dans une interview accordée en 2010 au journal The Australian, le célèbre virologue australien Frank Fenner, vainqueur de la variole, a prédit la disparition de l'humanité : « Homo sapiens devrait disparaître, peut-être dans 100 ans. Je pense qu'il est trop tard. J'essaie de ne pas trop le dire car il y a des gens qui essaient de faire changer les choses. Les efforts de réduction ralentissent un peu les choses, mais il y a déjà trop de monde [sur Terre] »222.

Dans une interview donnée au journal Le Soir, Christian de Duve, prix Nobel de médecine en 1974, s’est prononcé en faveur d’un « contrôle des naissances très strict » en affirmant que « « Le » problème, c’est la démographie. » (…) De mon vivant, la population du monde a quadruplé, dépassant les possibilités naturelles. Donc nous sommes en train, par notre nombre croissant, de rendre le monde invivable. (…) Jusqu’à présent, la contraception, la limitation des naissances a été condamnée par le Vatican. C’est scandaleux, car le seul espoir de l’humanité de survivre, est de ne pas continuer son expansion. »223, et dans son livre Sur la Science et au-delà : « On a reculé de deux siècles l'apocalypse prédite par Malthus. Mais on s'en rapproche dangereusement (…). Toutes les menaces qui pèsent sur l'avenir résultent d'une cause: nous sommes trop nombreux par rapport aux ressources de la planète (…). La survie des hommes est en jeu »224.

Nicolas Sarkozy a déclaré le 3 mai 2016 : « Il y a un phénomène que nous n'avons jamais connu (...) c'est la pression démographique planétaire qui va nous amener de sept milliards à onze milliards et demi en 2100, demain matin. (...) Les Républicains demandent une conférence mondiale annuelle sur la démographie mondiale, sur la nécessité d'un planning familial et sur la définition d'une stratégie démographique sur la planète »225.

Emmanuel Macron a déclaré le 3 juillet 2018 : « Quand vous êtes un pays pauvre où vous laissez la démographie galopante, vous avez sept ou huit enfants par femme, vous ne sortez jamais de la pauvreté » ; il préconise de soutenir le planning familial et de lutter contre les mariages forcés226.

 



[1] https://www.ined.fr/fr/tout-savoir-population/graphiques-cartes/population_graphiques/

[2] Le gouvernement Hongrois vient de décider une aide de 30 000 € pour la naissance d'un 3° enfant

[3] https://www.demographie-responsable.org/

[4] https://fr.wikipedia.org/wiki/Surpopulation#Capacit%C3%A9_de_charge